Vaujours. Maria. Un petit potager. Une grande femme.
En sortant du village, le long d'une route, entre des maisons neuves et d'époque, un restaurant et un parking, il existe un potager qui résiste encore et toujours à l'envahisseur. Un terrain d'à peine 100 m2 qui est exploité à plein régime par Maria qui n'hésite pas à travailler sous un large soleil pour donner de l'amour à ses légumes.
Je me présente à elle. Elle me reconnait. Je l'ai vue la semaine précédente lors de ma visite de Coubron. Elle aidait déjà un paysan à la retraite sous un soleil de plomb. Maria, 85 ans, fait partie de l'immigration portugaise qui s'est implantée dans le 93 lorsque les usines embauchaient encore. Après un passage de 7 ans dans le Lot (où son mari a fait de la prison en arrivant du Portugal), ils sont arrivés en 1969. Après 3 mois à Villepinte, ils se sont installés dans le village "qui a bien changé depuis le temps".
Avec un fort accent portugais, elle m'explique ses pérégrinations, me parle de la réserve de chasse qui se situe en face, de ses journées bien remplies et du vol des chèvres de son mari. "Des chèvres ?" "Oui, à la retraite, il a acheté quelques chèvres pour s'occuper. Mais depuis cet évènement tragique (il en avait 25), il s'est un peu renfermé".
Quand je lui explique mon projet, elle n'est pas étonnée, me dis qu'ici c'est un "petit coin de paradis" et rigole lorsque les médias parlent du 93 à la télé. "Venez ici, c'est vraiment tranquille. Enfin pas à beaucoup quand même. Il n'y a pas de bruit. Un peu de voitures car on est à coté de la route mais sinon rien. Je fais parfois ma sieste sur ma chaise sans problème". Son potager composé de pommes de terre, choux, tomates, choux à vache, fèves et de bien d'autres choses (que je ne saurais décrire) donne envie de se mettre au maraichage. "C'est essentiellement pour manger" dit-elle en continuant de l'arroser.
Je prend congé et la laisse à ses affaires. J'aimerais bien apercevoir ce qu'il reste du troupeau (qui donne du fromage apparemment "mais chut c'est secret" dit-elle). "Bonne chance, même moi, je n'arrive pas à le retrouver dans la forêt. Mon mari les a bien cachées maintenant".
Mon incroyable 93, c'est un voyage de 4 mois en Seine-Saint-Denis pour découvrir ce territoire sous un autre angle. Pour donner à voir ce 93 qu’on n’imagine pas et déconstruire les clichés qui entourent ce département, un touriste a donc décidé de partir en voyage pour aller à le rencontre des habitants et voir le patrimoine séquano-dionysiens. Un voyage pas très loin de Paris, pas très loin de chez vous (sauf si vous habitez le Minnesota) et pas très loin de chez lui, à seulement quelques stations de métro (et RER) de la capitale afin de redécouvrir le département où il a grandi et le faire (re)découvrir à d'autres.
Le voyage sur facebook et sur twitter.