Ville 3. Jour 1. Saint-Ouen, son parc, ses artisans et ses habitants (suite du voyage à Saint-Ouen)
Après avoir déjeuné dans la serre, discuté avec Mathieu et Marie (et les nombreuses personnes qui sont passées par là) à propos des nombreux attraits de la ville (j’ai commencé avec 5 spots pour en finir avec 50), j’ai rendez-vous avec une incroyable jardinière, Camille They. Il y a tout de suite quelque chose qui se passe : elle est née en Tunisie et est passionnée par ce qu’elle fait. Je me demandais bien ce que pouvait être une scénographe à la main verte et je peux dire que j’ai été impressionné.
Si je devais expliquer son travail en quelques mots (ce qui n’est pas possible donc je vais le faire en plus)… Elle (re)donne vie à la nature en créant un lien entre l’ancien et le nouveau en utilisant tout ce qui touche de près ou de loin aux fleurs. Elle défriche, coupe, fait pousser, arrose, arrange et donne de l’amour aux plantes. Une jardinière poétique qui scénarise des espaces pour leur faire raconter des histoires. Une manière de rendre la pareille à dame nature.
Léonard (un superbe chopper californien qu'un membre d'accueil banlieue m'a prêté pour une partie de mon voyage) et moi sommes donc invités à la suivre dans son jardin secret pour mieux comprendre ce qu'elle fait.
Arrivé devant chez elle, on ne se doute vraiment pas de ce qu'il peut y avoir derrière.
Une porte. Quelques petites marches. Une autre porte. De la lumière. Et là... le jardin des merveilles. Toutes ses créations, celles de ses amis sérigraphes, mosaïstes et graffeurs. Un show room grandeur nature. Des plantes bichonnées, des florigrammes (portraits de fleurs qu’elle imprime sur des toiles ou de la pierre) et des petits arbustes qui ne demandent qu'à grandir. Un endroit paisible que l'on n'ose pas imaginer en plein centre-ville.
Après le bonjour de la voisine et un café, je me décide à partir. Pour ne pas trop me sentir comme chez moi. C'est si vite arrivé dans ce genre d'endroit.
C'est bientôt l''heure du goûter. Je suis encore en retard. Je me dépêche et pédale comme un coureur du tour de France pour arriver à rattraper mon retard sur le peloton de tête. Après quelques coups de pédales hasardeux, j'arrive chez Sophie Barthélémy. Enfin, plutôt devant une grande porte bleu que je n'arrive pas à ouvrir. On m'ouvre. Une petite cours en longueur comme on les aime. Apparait une dame avec une poussette. "Vous êtes la tapissier ?" "Euh... non, pas vraiment. J'ai déjà un métier. Je suis mère. À plein temps. Voyez plutôt au fond". Je me dirige donc vers le fond cette ruelle.
Les présentations faites, Sophie me fait une visite de son atelier et me parle de ses travaux en cours. Elle me présente rapidement son métier tout en vérifiant du coin de l'½il si son fils fait ses devoirs. (Elle habite en face de l'atelier, c'est pratique pour la surveillance). Elle me raconte son histoire, un peu de sa vie, ses fils. On parle éducation, politique et radio. Me parle de sa liberté d'être une artisan audonienne, de la possibilité de se lever à 5h un jour et à 10h un autre. De son envie de prendre quelqu'un en apprentissage l'année prochaine.
Après une heure et demie à discuter de choses et d'autres, elle a déjà recouvert à peu près tout le fauteuil en cours. Enfin une bonne partie et moi, je me dois d'y aller. Des personnes arrivent. Ça tombe bien. Je la remercie encore pour son accueil. Les personnes se présentent. Apparemment, une pièce de théâtre se joue ce soir chez Sophie. C'est même plusieurs habitants de Saint-Ouen qui ont fourni leur chez eux pour laisser s'exprimer une troupe. Un parcours urbain guidé par le réseau Hors lits durant lequel les badauds visitent 4 appartements habités chacun par un acte artistique de 20mn. Et malheureusement, c'est complet. Victime de leur succès.
J'ai rendez-vous maintenant avec Jean-Pierre. Un ami québécois en vacances sur le vieux continent. Il ne connaissait pas cette ville "si proche de Paris en métro". Garibaldi. Je laisse Léonard. Nous marchons en direction des Puces par la rue des Rosiers. Il est mercredi, tout est fermé. Sauf un irréductible pucier qui essaye de nous "vendre" une table Louis XVIII. Malgré la bonne affaire, nous déclinons l'offre. Nous préférons aller à la terrasse paisible du "p'tit Landais" et commander une bière qui saura satisfaire nos envies brassicoles. La faim se fait sentir. Le patron ne peut nous satisfaire ce soir. Après quelques minutes de marche, nous rentrons dans une pizzeria quelconque (pour ne pas dire que je ne me souviens plus du nom). S'en suit le schéma classique : Carte. Commande. Pizza. Merci. Au revoir.
Il est 22h. Nous avons tous les deux eu des journées assez longues donc nous décidons de se séparer ici. Jean-Pierre reprend le métro. Je reprends Léonard. Ce soir, je dors à Saint-Ouen. Chez Audrey. Merci accueil banlieue.
Mon incroyable 93, c'est un voyage de 4 mois en Seine-Saint-Denis pour découvrir ce territoire sous un autre angle. Pour donner à voir ce 93 qu’on n’imagine pas et déconstruire les clichés qui entourent ce département, un touriste a donc décidé de partir en voyage pour aller à le rencontre des habitants et voir le patrimoine séquano-dionysiens. Un voyage pas très loin de Paris, pas très loin de chez vous (sauf si vous habitez le Minnesota) et pas très loin de chez lui, à seulement quelques stations de métro (et RER) de la capitale afin de redécouvrir le département où il a grandi et le faire (re)découvrir à d'autres.
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